190511 News RCAB

Le lin génétiquement modifié pollue la production sans OGM au Canada Photo: clipdealer

Une fois disséminés dans l'environnement, les organismes génétiquement modifiés (OGM) peuvent difficilement être arrêtés ou contrôlés. La contamination indésirable des exploitations agricoles sans OGM ne peut pratiquement pas être évitée. C'est la conclusion du récent rapport du Réseau canadien d'action sur les biotechnologies (RCAB), une organisation non gouvernementale canadienne. Ce rapport est le premier qui recense tous les cas de propagation et de contamination par des OGM au Canada depuis leur introduction il y 25 ans. Il montre que de nombreux organismes génétiquement modifiés, dont du colza, du lin, du blé et même du porc, sont entrés accidentellement dans la chaîne de production agricole conventionnelle et biologique pendant cette période.

Des problèmes de contamination ont été causé tant par des OGM expérimentaux autorisés par le gouvernement canadien (colza et lin) que des OGM non autorisés (blé et porcs). Les graves conséquences économiques, sociales et environnementales de la propagation indésirable d'organismes et de caractères génétiquement modifiés ont durement frappé les agriculteurs. Ces effets négatifs comprennent la perte temporaire ou permanente de marchés d'exportation et de semences de ferme, ainsi qu’une baisse des prix des produits agricoles. Au vu des conséquences, la procédure canadienne d’examen des OGM n'évalue pas l'ensemble des risques de contamination, ni les dommages sociaux et économiques potentiels en cas de contamination.

Le rapport s'appuie sur d´événements concrets, qui se sont passés sur sol canadien, pour illustrer que de tels risques constituent une menace pour les agriculteurs. Par exemple, la contamination généralisée et inévitable des cultures par le colza génétiquement modifié a empêché la plupart des agriculteurs biologiques de cultiver du colza. La commercialisation de la luzerne OGM présente également un risque immédiat de contamination pour les systèmes d'agriculture biologique et d'autres exploitations sans OGM. D’autres cas de contamination importante par des OGM ont eu lieu sur le continent nord-américain, notamment aux États-Unis et au Mexique. Ces cas confirment que ces cas de contaminations ne sont pas des événements isolés. Par exemple, les cultures sans OGM aux Etats-Unis ont été contaminées par le maïs OGM "Starlink" et le riz OGM "Liberty Link". La culture à large échelle du maïs GM a également conduit à contaminer des variétés anciennes cultivées au Mexique, pays d’origine et centre de la diversité génétique du maïs. Un cas de contamination GM bien étudié concerne l’agrostide stolonifère, une plante vivace utilisée sur les terrains de golf. Le pollen d’une variété transgénique tolérante aux herbicides provenant de disséminations expérimentales a été expédié bien au-delà de la zone expérimentale. Cela a conduit à la propagation incontrôlable de cette variété GM dans plusieurs états américains, où elle se croise avec des espèces sauvages apparentées.

Selon le rapport, de nombreux autres OGM en phase de développement risquent également de se propager à long terme aux populations naturelles. Par exemple, les arbres forestiers génétiquement modifiés ou le saumon génétiquement modifié pourraient causer de graves dommages environnementaux. En outre, il existe une nouvelle génération d'OGM, tels que les moustiques génétiquement modifiés, qui ont été spécialement conçus pour être disséminés dans la nature et sont destinés à des croisements ciblés avec des populations sauvages. Les erreurs humaines, les événements biologiques, les insectes pollinisateurs, les mouvements du vent et les conditions météorologiques extrêmes, ainsi que de nombreux autres facteurs, entraîneront toujours une contamination par des OGM qui ne sera jamais complètement exclue. Les nombreux incidents de dissémination incontrôlée au Canada dont il est question dans le rapport montrent qu'il existe un écart important entre la promotion politique des OGM et le manque généralisé de recherche sur le contrôle et la prévention des dommages liés aux OGM. Le RCAB demande au gouvernement de définir dès que possible des mesures appropriées de confinement et de délimitation pour les OGM présentant un potentiel de dissémination particulièrement élevé. En effet, pour certains OGM, prévenir la contamination passe par l'arrêt de leur dissémination, s’il n’existe aucun moyen de revenir en arrière. L’expérience canadienne devrait être prise en compte à l'échelle mondiale afin d’adapter les procédures d’autorisation de dissémination d’OGM.