24.03.2015 | Génétique humaine

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 Les ciseaux moléculaires CRISPR-Cas9 permettent d’intervenir directement dans le génome. Photo : Fotolia

Une équipe de chercheurs de l’Université des sciences et de la médecine de l’Oregon aux Etats-Unis est parvenue à modifier à l’aide de la technique d’édition CRISPR-Cas9 le génome d’embryons humains porteurs d’une maladie cardiaque. La nouvelle de ces expérimentations avait fuité dans la revue de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT), suscitant la controverse. La recherche a impliqué une quantité importante d’embryons humains viables. Sur 58 embryons modifiés, 42 ne présentaient plus le gène défectueux après le traitement. Pour un tiers d’entre eux, les ciseaux moléculaires n’ont donc pas agi. De plus, après 5 jours, un cas de mosaïcisme est apparu sur l’un des embryons traités, ce qui signifie que la modification génétique n’a pas été transmise à toutes les cellules de l’embryon.

La plupart des pays interdisent la recherche sur les embryons humains pour des raisons éthiques. Depuis l’apparition des techniques d’édition génétique, toutefois, ce principe est de plus en plus souvent remis en cause. Aux Etats-Unis, l’Académie nationale des sciences a voulu autoriser en février les techniques d’édition de l’ADN pour les maladies héréditaires graves, mais elle s’est heurtée au refus du Congrès. Du coup, les chercheurs ont l’obligation de détruire les embryons au bout de quelques jours et il leur est interdit de les implanter dans un utérus. Impossible dès lors de savoir comment les embryons se seraient développés ou si des effets indésirables seraient apparus à un stade ultérieur.

Autre question qui a fait polémique dans ce contexte : celle du « bébé sur mesure ». A en croire les spécialistes, ce n’est pas demain que l’on va se mettre à réécrire l’ADN de l’embryon pour obtenir un bébé parfait.

En Suisse tout comme en Allemagne et en Autriche, les expérimentations de ce type sont d’ailleurs interdites. Il est certes vrai que chez nous aussi, les scientifiques demandent un assouplissement des règles en matière de recherche sur les embryons. En Allemagne, les chercheurs ont entrepris des démarches visant à desserrer le carcan réglementaire et à autoriser la recherche sur les embryons surnuméraires. Des voix critiques s’élèvent cependant pour mettre en garde contre une course de vitesse entre les laboratoires de recherche, en particulier chinois, américains et anglais. Le professeur de théologie Peter Dabrock, président du Conseil national d’éthique allemand, avertit : « Celui qui ne peut pas garantir une sécurité avoisinant les 100% en matière d’expérimentation humaine agit de manière irresponsable. » Il appelle de ses vœux une résolution des Nations unies qui interdise l’implantation d’embryons génétiquement manipulés au moins aussi longtemps que les risques susceptibles d’en résulter pour la santé puissent être exclus, écrit la Berliner Zeitung.