12.11.2014 | Disséminations expérimentales en Suisse

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Au printemps 2015, le site protégé accueillera peut-être des pommes de terre cisgéniques au côté des cultures expérimentales de blé transgénique de l'Université de Zürich. Des chercheurs de l'Université de Wageningen (Pays-Bas) ont, par génie génétique, transmis à deux variétés de pommes de terre des gènes de résistance au mildiou issus de pommes de terre sauvages. La cisgénèse, qui utilise des gènes d'espèces proches, ne se différencie pas dans son procédé technique de la transgénèse qui peut utiliser des gènes d'espèces éloignées (bactéries, virus, etc.). Le processus d'insertion des gènes et des construits cisgéniques reste aléatoire et invasif pour le génome contrairement aux procédés d'amélioration végétale classique qui utilisent les mécanismes de reproduction naturels. Ces derniers transmettent des gènes qui demeurent dans leur contexte chromosomiques et génomiques. D'un point de vue de l'évaluation du risque, la cisgénèse est donc identique à la transgénèse.

Maya Graf, agricultrice bio et Présidente du groupe suisse de travail sur le génie génétique critique ces essais : « Ces essais sont chers et éloignés des besoins des consommateurs et de l'agriculture suisse. L'argent de la recherche déjà en quantité limité ne devrait pas être investit dans des essais qui n'offrent aucune solution pour la Suisse ». La Suisse ne peut clairement pas se profiler dans la culture intensive, mais plutôt dans la production de qualité. Selon la charte qualité de l'agriculture suisse, ces produits doivent être obtenus sans recours au génie génétique. Ceci est en accord avec la volonté de la grande majorité de la population qui refuse les aliments trans- ou cisgéniques.

Ces nouveaux essais sont très coûteux pour une utilité nulle. Il est impératif d'orienter les investissements publics vers des recherches qui prennent en compte la multifonctionnalité des systèmes écologiques et agronomiques. Le génie génétique n'est pas utile pour la mise en place d'agrosystèmes durables et résilients car il adresse les symptômes plutôt que les causes des déséquilibres de nos agrosystèmes. La dispersion du mildiou ne sera pas arrêtée par la culture intensive de pomme de terre cisgéniques. C'est l'ultra simplification de nos agrosystèmes, les mauvaises pratiques culturales et la faiblesse de diversité en champs qui est responsable de la propagation de maladies. L'utilisation du génie génétique ne fait que renforcer une vision réductrice, simpliste et obsolète de l'agriculture. De plus il accentue la dépendance des agriculteurs envers la technique ce qui fragilise le système. Il repose sur l'utilisation de techniques pour certaines hautement invasive pour le génome avec pour corollaire des conséquences potentiellement imprévisibles pour les écosystèmes et la mise sur le marché de produits potentiellement dangereux car mal évalués. Ceci en contradiction avec la demande grandissante de la population pour des aliments de qualité.

Il existe déjà des variétés de qualité résistantes au mildiou qui correspondent aux lignes directrices de l'agriculture biologique. Aux Pays-Bas justement, un des pays leader de la sélection de pommes de terre, ont été produites différentes variétés qui ne demandent qu'à être cultivées et commercialisées chez nous. Des projets qui s'orientent vers l'amélioration des pratiques culturales, des assolements, sur l'augmentation de la diversité en champs, sur la prévention de la maladie, etc. sont beaucoup plus durables et utiles.
Au lieu de cela, Agroscope se concentre sur des disséminations expérimentales des variétés cisgéniques Atlantic et Désirée pour comprendre la fiabilité de la résistance sous notre climat. Cinq ans et des millions de francs de perdus.